Objectif 15. D'ici 2020, les connaissances traditionnelles autochtones sont ​​respectées, promues et, lorsque rendues disponiblse par les peuples autochtones, informent de manière régulière, significative et efficace la prise de décisions en matière de conservation et de gestion de la biodiversité.

À propos de l’objectif

Les peuples autochtones possèdent des connaissances uniques sur la biodiversité et les écosystèmes qui sont fondées sur des milliers d’années d’expérience directe et d’observations transmises d’une génération à l’autre. Ces connaissances autochtones se reflètent dans les traditions culturelles et spirituelles ainsi que dans les activités coutumières courantes comprenant la récolte durable de ressources biologiques.

L’application de précieuses connaissances autochtones dans la prise de décisions est essentielle au succès des programmes pour la biodiversité du Canada. Les connaissances autochtones et la science occidentale peuvent fournir des perspectives complémentaires qui profitent toutes deux à la conservation de la biodiversité au Canada.

Les langues autochtones jouent également un rôle clé dans le maintien et le partage des connaissances autochtones entre les générations. Ainsi, les tendances en matière de diversité linguistique et le nombre de locuteurs de ces langues sont pris en compte dans la mesure des progrès réalisés vers l’atteinte de cet objectif.

L’objectif 15 du Canada est liée à l’objectif d'Aichi mondial suivant dans le cadre du Plan stratégique 2011-2020 pour la diversité biologique de la Convention des Nations Unies sur la diversité biologique :

  • Aichi Objectif 18 - D’ici à 2020, les connaissances, innovations et pratiques traditionnelles des communautés autochtones et locales qui présentent un intérêt pour la conservation et l’utilisation durable de la diversité biologique, ainsi que leur utilisation coutumière durable, sont respectées, sous réserve des dispositions de la législation nationale et des obligations internationales en vigueur, et sont pleinement intégrées et prises en compte dans le cadre de l’application de la Convention, avec la participation entière et effective des communautés autochtones et locales, à tous les niveaux pertinents.

Évaluation finale de 2020

Le gouvernement du Canada compile de l’information sur les mécanismes, les processus et les procédures en place pour intégrer les connaissances autochtones dans la prise de décisions[i]. Une évaluation de 2018 a trouvé plus de 130 mécanismes distincts dans lesquels les connaissances autochtones sont explicitement reconnues (mais pas nécessairement mises en œuvre) une légère augmentation par rapport à 2014. Ils comprennent les conseils de gestion de la faune, les stratégies d’évaluation et de rétablissement des espèces, ainsi que l’évaluation d’impact environnemental, les lois, les politiques et les processus. Bien qu’il soit encourageant de voir l’étendue des exemples, le répertoire des mécanismes de connaissances autochtones n’a pas été mis à jour pour mettre à disposition un moyen normalisé de suivre les progrès.

Des études de cas détaillées ont été réalisées pour évaluer l’efficacité des mécanismes établis et pour illustrer les meilleures pratiques. Les études de cas ont montré que le Canada met au point de plus en plus de méthodes pour inclure respectueusement les connaissances autochtones dans la prise de décision en matière de conservation. Si d’autres exemples de promotion des connaissances autochtones dans la prise de décision en matière de conservation (voir Mesures de contribution) sont indicatifs, ils ne reflètent pas nécessairement l’ampleur des progrès réalisés.

La comparaison des résultats de l’enquête auprès des peuples autochtones de 2012 et 2017 montre une augmentation du nombre d’Autochtones pouvant parler ou comprendre des langues autochtones, mais une diminution de la proportion de ces personnes au sein de la population générale[ii].

En raison des progrès réalisés depuis 2010, la cible 15 a été partiellement atteinte. Le nombre et la variété des mécanismes offrant des possibilités d'intégration des savoirs autochtones semblent avoir augmenté depuis 2010, mais le tableau est incomplet et des efforts continus sont nécessaires pour identifier les possibilités et mettre en œuvre des mécanismes d'intégration des savoirs autochtones dans la prise de décision en matière de conservation de la biodiversité.

Un cercle d'experts autochtones (CEA) a été créé dans le cadre de l'objectif 1 d'En route vers le Canada, pour diriger les efforts vers les aires protégées et conservées autochtones. Le CEA est composé d'un groupe central d'experts autochtones et non autochtones de partout au Canada, ainsi que de représentants des administrations fédérale, provinciales et territoriales. Le mandat du CEA comprenait la production d'un rapport comprenant des recommandations et des conseils. Le CEA a produit un rapport, We Rise Together, basé sur une variété d'activités entre mai et novembre 2017, y compris sept réunions en face à face et des conférences téléphoniques bihebdomadaires, ainsi que des sous-comités avec des objectifs ciblés.

[i] Environnement et Changement climatique Canada. Objectif 15 du Canada : rapport d’évaluation détaillé, préparé en complément au 6e Rapport national du Canada à la Convention sur la diversité biologique, 2018. https://chm.cbd.int/api/v2013/documents/7987131F-C55F-9831-37F2-A4E906A8A156/attachments/206477/FR_Canada%20Target%2015%20Detailed%20Report.pdf

[ii] Statistique Canada. Tableau 41-10-0043-01  Auto-évaluation de la capacité à comprendre et parler une langue autochtone selon l'identité autochtone, le groupe d'âge, et sexe, 2021; Statistique Canada. Tableau 41-10-0030-01  Auto-évaluation de la capacité à parler et comprendre une langue autochtone selon l'identité autochtone, 2016

Mesures de contribution

En 2019, le gouvernement du Canada a accordé un financement au Partenariat de conservation par la réconciliation (CRP) avec des fonds supplémentaires et un soutien en nature fournis par l’Université de Guelph, des organisations autochtones et le secteur de la conservation au Canada. Le CRP est dirigé par des Autochtones et mobilise des collaborateurs de recherche et des communautés autochtones et non autochtones. L’objectif est de faire en sorte que les systèmes de connaissances autochtones et la réconciliation jouent un rôle important dans l’extension de la protection de la biodiversité, notamment par la création d’aires protégées et de conservation autochtones et la gestion de plantes et d’animaux ayant une importance culturelle et qui sont menacés, comme le caribou et le frêne noir. Le CRP s’appuie sur le travail du Cercle autochtone d’experts qui a rédigé le rapport Nous nous levons ensemble, dans lequel sont formulées 28 recommandations pour créer et étendre les aires protégées et de conservation autochtones, et donner une impulsion nouvelle aux relations entre la Couronne et les gouvernements autochtones dans les aires protégées existantes. De plus, les orientations pancanadiennes et les éléments des aires protégées et conservées autochtones trouvés dans Unis avec la nature reposaient principalement sur les recommandations fournies par le CEA. L'initiative En route vers l'objectif 1 du Canada, qui comprend des partenaires gouvernementaux autochtones, fédéraux, provinciaux, territoriaux et locaux, a élaboré en collaboration des ressources liées à l'IPCA sur des sujets tels que l'espace éthique, les conditions de réussite, les leçons et expériences des juridictions à travers le Canada et les réponses aux questions fréquemment posées.

Le Cadre stratégique pour l’Arctique et le Nord du Canada a été lancé en 2019 et comprend une collaboration avec plus de 25 organisations autochtones représentant les Inuits, les Premières Nations et les Métis. Bon nombre des objectifs du but 4, La connaissance et la compréhension orientent la prise de décisions, visent à accroître la participation des Autochtones à la recherche, y compris à l’établissement des priorités et à la réalisation de la recherche en soi. Cette approche doit garantir que les connaissances autochtones et les connaissances scientifiques seront prises en compte de manière égale dans la prise de décision.

En 2019, le Canada a adopté la Loi sur les langues autochtones pour soutenir et promouvoir l’utilisation des langues autochtones.

En 2019, le Comité consultatif autochtone a été lancé. Le Comité fournit à l’Agence d’évaluation d’impact du Canada des conseils d’experts en vue de l’élaboration de politiques et de documents d’orientation clés sur le nouveau système d’évaluation d’impact. Le Comité est composé de membres des Premières Nations, d’Inuits et de Métis, ce qui lui permet d’avoir une perspective large et inclusive qui reflète les droits, les intérêts, les priorités et les circonstances uniques des peuples autochtones du Canada.

En 2018, le gouvernement du Canada s’est engagé à verser un montant pouvant s’élever à 2 millions de dollars par an pour développer les capacités de surveillance environnementale communautaire dans la région des sables bitumineux de l’Alberta. Les systèmes de surveillance sont conçus et dirigés par les communautés autochtones.

Dans le cadre du Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC), les coprésidents du Sous-comité des connaissances traditionnelles autochtones (Sous-comité des CTA) fournissent une expertise sur les connaissances traditionnelles autochtones (appelées ici connaissances autochtones ou savoir autochtone). Le sous-comité est chargé de veiller à ce que les connaissances traditionnelles autochtones soient intégrées au processus d’évaluation du COSEPAC.

Le COSEPAC définit les CTA (ou savoir autochtone) comme les connaissances que les peuples autochtones ont accumulées sur les espèces sauvages et leur environnement. Comme ce savoir autochtone est un processus complexe dans lequel sont incorporées culture, spiritualité et histoire, des peuples aux antécédents différents (c.-à-d. Premières Nations, Inuits et Métis) peuvent y donner une définition distincte. Le Sous-comité a établi des lignes directrices complètes qui satisfont aux exigences de différents groupes.

L’intégration des connaissances autochtones à l’évaluation des espèces en péril du COSEPAC améliore le processus et, par conséquent, la qualité des désignations faites par le COSEPAC, en recueillant des renseignements et des points de vue sur les espèces sauvages qui ne sont pas disponibles dans la littérature scientifique publiée.